Pourquoi parler de kimono coréen est une erreur ?

 Pourquoi parler de kimono coréen est une erreur ?

Pourquoi parler de kimono coréen est une erreur


pourquoi parler de « kimono coréen » est une erreur ?

On entend parfois l’expression « kimono coréen » pour désigner le vêtement traditionnel de Corée du Sud. Cette confusion provient souvent d’une méconnaissance des cultures asiatiques et d’un amalgame entre les tenues traditionnelles de deux nations voisines : la Corée et le Japon. Pourtant, au-delà d’une simple différence de vocabulaire, l’usage du terme « kimono » pour parler du hanbok (한복) coréen peut s’avérer offensant ou inexact d’un point de vue historique, culturel et identitaire.

En effet, le kimono (着物) est issu de la tradition vestimentaire japonaise et porte en lui un héritage séculaire propre à l’archipel nippon. Le hanbok, quant à lui, trouve ses origines dans la péninsule coréenne et symbolise l’âme même de la culture coréenne. Si les deux vêtements ont puisé dans d’anciennes influences chinoises, chacun a évolué de manière distincte pour s’adapter à son environnement culturel, social et artistique.

Dans cet article, nous allons vous expliquer en détail pourquoi l’expression « kimono coréen » est inexacte et comment reconnaître les vraies spécificités du hanbok. Nous plongerons dans leurs origines, leurs coupes, leurs valeurs culturelles et les difficultés diplomatiques qui marquent la relation entre la Corée et le Japon. Préparez-vous à découvrir une part essentielle du patrimoine asiatique en 2 641 mots !


2. Le hanbok et le kimono : deux identités culturelles bien distinctes

2.1 Etymologies et symboliques : entre « han » et « ki »

Le terme hanbok (한복) est composé de deux hanja :

  • han (한/韓) qui renvoie à la nation coréenne (on retrouve cette racine dans « Daehan Minguk » 대한민국, nom officiel de la République de Corée),
  • bok (복/服) signifiant « vêtement ».

Ainsi, hanbok se traduit littéralement par « vêtement coréen ».

Le kimono japonais, quant à lui, s’écrit avec deux kanji (着 + 物) :

  • ki (着) qui dérive du verbe « porter »,
  • mono (物) signifiant « chose ».

Le mot kimono se comprend donc comme « chose que l’on porte » ou « chose à porter », ce qui renvoie à l’habit japonais dans son sens le plus général.

Ces nuances linguistiques traduisent déjà une identité claire pour chacun de ces vêtements. Parler de « kimono coréen » revient à confondre deux cultures voisines dont la langue, l’histoire et les coutumes se sont construites de manière tout à fait autonome, malgré quelques influences partagées.

2.2 Influence de la Chine ancienne sur la péninsule coréenne et l’archipel japonais

La Chine, immense foyer de civilisation, a fortement irradié les cultures coréenne et japonaise. Durant des siècles, la Corée et le Japon ont emprunté des éléments à la civilisation chinoise, notamment l’usage des caractères chinois (hanja en coréen, kanji en japonais), certaines pratiques religieuses (comme le bouddhisme) et quelques styles vestimentaires anciens.

Cependant, il serait réducteur de voir la Corée et le Japon comme de simples répliques de la Chine. Chacune de ces nations a assimilé et transformé à sa manière ces influences. Le hanbok et le kimono en sont deux exemples flagrants : ils ont des racines communes très anciennes, mais se sont rapidement différenciés à travers les spécificités de chaque pays.

hanbok


2.3 Une évolution séparée au fil des siècles

La mer séparant la Corée et l’archipel japonais a longtemps constitué un obstacle pour les déplacements. Les voyages maritimes dans cette zone s’avéraient périlleux, limitant ainsi les échanges massifs. Les deux peuples ont donc développé des styles vestimentaires répondant à leurs propres critères esthétiques, aux nécessités du climat, ainsi qu’à leurs normes sociales et politiques.

Cette évolution divergente a contribué à forger deux identités culturelles marquées, dans lesquelles le hanbok et le kimono occupent une place prépondérante. Voilà pourquoi, aujourd’hui, confondre les deux peut sembler maladroit, voire irrespectueux.


3. Histoire du hanbok : de Goguryeo à la Corée moderne

3.1 Les ancêtres du hanbok : des tenues inspirées de la culture scythe

L’histoire du hanbok remonte à plusieurs millénaires. Il trouve notamment sa source dans des tenues portées par des peuples scythes de l’Antiquité, qui auraient influencé la Chine, puis la Corée. Les traces les plus anciennes de vêtements pouvant se rapprocher du hanbok sont repérées durant l’ère de Goguryeo (–277 à +668), l’un des Trois Royaumes de Corée. À cette époque, les habitants développent des vêtements amples et pratiques, adaptés à la vie quotidienne, à la guerre ou aux cérémonies.

Les Coréens ont, très tôt, affiné la coupe de ces habits pour leur conférer élégance et fluidité. C’est à cette période que l’on peut véritablement noter les prémices d’un vêtement national, qui se différenciera de plus en plus des autres habits portés dans la région.

3.2 Le hanbok à travers les dynasties coréennes

Au fil des siècles, différentes dynasties coréennes (Silla, Goryeo, Joseon) ont façonné le style et l’usage du hanbok. Sous la dynastie Joseon (1392–1897), l’apparence du hanbok prend la forme qu’on lui connaît majoritairement aujourd’hui :

  • Un jeogori (저고리), veste ajustée au buste, plus long pour les hommes et plus court pour les femmes.
  • Pour les hommes, un baji (바지), sorte de pantalon ample permettant une bonne liberté de mouvement.
  • Pour les femmes, une chima (치마), jupe large et longue, attachée sous la poitrine pour donner une silhouette en forme de A.

Sous Joseon, l’aristocratie (yangban) et la famille royale adoptaient des hanbok plus riches en broderies, ornements et couleurs, tandis que le peuple portait des versions plus simples et pratiques.

3.3 La modernisation du hanbok : entre tradition et innovation

Avec l’ouverture de la Corée au monde extérieur et la modernisation progressive du pays à la fin du XIXe siècle et au XXe siècle, le hanbok a connu plusieurs transformations. Durant l’occupation japonaise (1910–1945), l’empire nippon a tenté de restreindre l’usage de la langue et des habits coréens. Malgré cette répression culturelle, le hanbok a survécu, devenant au contraire un symbole de la résistance identitaire.

Aujourd’hui, le hanbok reste porté lors d’événements importants comme les mariages, le Nouvel An lunaire (Seollal), la fête des récoltes (Chuseok) ou les cérémonies familiales. De nombreux créateurs coréens modernisent la coupe, intègrent des matières contemporaines et dynamisent les coloris pour faire vivre cet héritage dans la mode actuelle.


4. Le kimono japonais : origines et caractéristiques principales

4.1 Des premières influences chinoises à la période Nara

Le kimono japonais puise lui aussi dans une source d’inspiration chinoise. On situe son ancêtre dans les vêtements de cour portés durant la période Nara (710–794) au Japon. Ces habits sont introduits au gré des échanges diplomatiques et culturels avec la Chine des Tang, mais la période Nara se trouve être plus tardive que l’ère Goguryeo. Le Japon va alors progressivement adapter ces tenues pour en faire un style vestimentaire typique de l’archipel nippon.

4.2 Le kimono, une tenue codifiée et polyvalente

À partir de l’époque Heian (794–1185), le vêtement que l’on désigne aujourd’hui sous le terme de kimono commence à prendre forme. Il repose sur des pièces de tissu découpées en rectangles de taille standard, cousues ensemble pour créer une silhouette en T. Cette coupe droite et longue agit comme un canevas que l’on module à l’aide de plis et de ceintures (obi).

Autrefois, le kimono était un habit universel, porté aussi bien par les paysans que les nobles. Au fil du temps, des spécificités sont apparues en fonction du statut social, de l’âge, du genre et de l’occasion (cérémonie du thé, mariage, funérailles, fêtes diverses, etc.). Aujourd’hui, le kimono est souvent associé aux grandes occasions ou aux fêtes traditionnelles (mariages, festivals, etc.), et il symbolise toujours la culture nippone dans sa dimension la plus élégante.

4.3 Le port du kimono : un art exigeant

Revêtir un kimono requiert des connaissances précises. Il faut savoir

  1. superposer des couches de sous-vêtements,
  2. ajuster correctement la longueur en relevant l’ourlet,
  3. fixer le tout avec différentes ceintures
  4. nouer correctement l’obi, dont la technique varie selon le style et l’occasion.

Le kimono féminin se distingue notamment par son obi imposant, souvent orné d’un large nœud dans le dos, contraignant quelque peu la mobilité. Cette complexité fait du port du kimono un véritable art, transmis de génération en génération et enseigné dans des écoles spécialisées.


5. Hanbok vs kimono : de grandes différences esthétiques et fonctionnelles

5.1 Coupe et silhouette : ampleur contre verticalité

La distinction la plus visible entre le hanbok et le kimono réside dans leur coupe et la façon dont ils mettent en valeur la silhouette. Le hanbok féminin se caractérise par une veste courte et ajustée, reliée à une jupe longue et volumineuse (chima). Celle-ci part du haut de la poitrine pour retomber jusqu’aux pieds, créant une forme évasée. Le hanbok masculin, quant à lui, se compose d’une veste plus longue et d’un pantalon large (baji) permettant une grande liberté de mouvement.

Le kimono, à l’inverse, se présente sous la forme d’une robe droite et longue, associée à un large obi qui ceinture la taille. La ligne verticale est accentuée, la silhouette est plutôt longiligne et élégamment contrainte.

5.2 Le rôle des accessoires : maedeup, obi et bien plus

Au-delà des pièces principales, les accessoires jouent un rôle déterminant. En Corée, le hanbok peut être agrémenté de maedeup (매듭, art traditionnel du nœud), de broderies délicates, de fins rubans ou de petites sacoches. Des ornements de coiffure tels que la binyeo (épingles à cheveux) ou le dwikkoji ajoutent une touche d’élégance.

Au Japon, le kimono se complète principalement par un obi, dont le style de nœud varie. Une infinité de possibilités s’ouvre dans la forme du nœud, la couleur, la broderie ou les motifs. Les femmes peuvent également porter de petits sacs (kinchaku), un éventail pliant (sensu) et des ornements capillaires (kanzashi).

5.3 Matériaux, couleurs et motifs : l’expression d’une identité nationale

Les tissus utilisés pour le hanbok traditionnel sont souvent de la soie, du coton ou du ramie, dans des couleurs vives ou pastel. Les motifs peuvent inclure des fleurs, des animaux symboliques (papillons, grues, phénix) ou des motifs géométriques. Historiquement, la couleur indiquait parfois la classe sociale ou la situation matrimoniale.

Le kimono utilise également une grande variété de tissus, de la soie luxueuse au coton plus sobre. Les techniques de décoration peuvent être extrêmement raffinées (teinture yuzen, broderie, tissage jacquard). Chaque détail correspond à un code très précis : le type de motif, la période de l’année, le statut de la personne, etc.


6. Les raisons historiques et culturelles de ne plus dire « kimono coréen »

6.1 Les séquelles de la colonisation japonaise en Corée

De 1910 à 1945, la Corée a vécu sous l’occupation japonaise. Durant ces 35 ans, l’empire nippon a mené une politique de japonisation forcée, s’efforçant de supprimer la langue coréenne, interdisant de nombreux symboles culturels et forçant parfois les Coréens à adopter des prénoms et noms de famille japonais. Parallèlement, des milliers de Coréens ont été envoyés de force dans des entreprises japonaises pour effectuer des travaux souvent dangereux. De plus, un nombre considérable de femmes coréennes ont été réduites à l’esclavage sexuel (souvent désignées, par euphémisme, comme « femmes de réconfort »), un drame qui continue de hanter la mémoire collective.

Cette période de colonisation a laissé des blessures profondes et persistantes. Ainsi, pour de nombreux Coréens, voir leur costume traditionnel confondu avec celui du Japon peut réveiller des douleurs mémorielles et être perçu comme un manque de respect.

6.2 Les différends territoriaux et mémoriels

Aujourd’hui encore, la Corée du Sud et le Japon entretiennent des relations diplomatiques souvent marquées par la méfiance. Les îles Dokdo (appelées Takeshima par les Japonais) font l’objet d’un différend territorial. De plus, certains hommages officiels rendus à des criminels de guerre japonais dans le sanctuaire Yasukuni soulèvent régulièrement l’indignation de nombreux Coréens, qui y voient une glorification du passé impérialiste.

Ces dissensions politiques et historiques s’ajoutent aux séquelles de la colonisation, créant un contexte tendu. Dans un tel climat, employer le mot japonais « kimono » pour parler de la tenue traditionnelle coréenne peut être mal perçu, voire provoquer de réelles incompréhensions ou disputes verbales.

6.3 Respecter l’originalité et la fierté nationale

Au-delà de la souffrance historique, le hanbok reste un fort symbole de l’identité coréenne. Chaque pays possède son propre patrimoine, et la Corée n’est pas en reste avec son histoire millénaire, sa langue unique (le coréen), son alphabet inventé au XVe siècle (le hangeul) et ses nombreux arts traditionnels (cérémonie du thé coréen, pansori, danse des éventails, etc.).

Reconnaître et respecter ces spécificités, c’est admettre que le hanbok n’est pas un « kimono coréen » mais bien un vêtement national coréen, chargé d’un héritage et de significations propres. En évitant l’amalgame, on témoigne d’une réelle volonté de comprendre et d’honorer la culture coréenne.


7. Comment bien porter un hanbok ? Conseils et traditions

7.1 Le choix du jeogori et de la chima ou du baji

Le hanbok féminin comporte un jeogori (veste) et une chima (jupe). Il existe différentes longueurs et styles de jeogori, ainsi que des formes variées pour la chima (plus ou moins évasée, avec ou sans jupons). Les hommes portent généralement un jeogori plus long, un baji (pantalon ample) et parfois un po (un manteau supplémentaire) pour les grandes occasions.

Le choix des couleurs et des motifs dépend souvent de l’occasion :

  • Les teintes pastel (rose, bleu ciel, jaune clair) sont appréciées pour les cérémonies familiales.
  • Les couleurs plus sobres (gris, marron, bordeaux) sont souvent portées par des personnes plus âgées ou lors de cérémonies plus solennelles.
  • Les nuances vives (rouge, vert émeraude, magenta) s’affichent dans les mariages et fêtes traditionnelles, pour souligner la joie et la prospérité.

7.2 Savoir ajuster et agencer les pièces

Le hanbok doit s’adapter harmonieusement à la morphologie de la personne qui le porte. Pour les femmes, la veste jeogori se ferme à l’avant grâce à des rubans (goreum), formant un petit nœud élégant. La chima se noue juste en dessous de la poitrine, ce qui permet de créer cette silhouette distincte en forme de A.

Pour les hommes, le baji doit être suffisamment large pour ne pas entraver la marche ou le fait de s’asseoir à genoux (position traditionnelle coréenne). Le jeogori masculin peut rester long ou être complété par un gilet ou un manteau traditionnel (dans le cas des tenues royales, on peut ajouter une robe extérieure plus longue et parfois des ornements dorés).

7.3 Les occasions de porter un hanbok

Si vous voyagez en Corée du Sud, vous remarquerez que le hanbok est toujours très présent lors des grandes fêtes nationales comme :

  • Seollal (설날), le Nouvel An lunaire,
  • Chuseok (추석), la fête des récoltes,
  • Les cérémonies de mariage (le paebaek),
  • Les anniversaires importants (en particulier le premier anniversaire d’un enfant, le dol).

Il n’est pas rare de croiser des gens en hanbok dans les quartiers historiques (hanok villages), ou près des palais de Séoul (Gyeongbokgung, Changdeokgung, etc.), où certains loueurs proposent de revêtir cette tenue traditionnelle pour prendre des photos ou tout simplement pour se plonger dans l’histoire.



8. Comment bien porter un kimono ? Un aperçu rapide

8.1 Les étapes pour revêtir le kimono

Bien que notre sujet principal soit le hanbok, comprendre les grandes lignes du port du kimono permet de mieux saisir pourquoi il diffère tant de la tenue coréenne. Pour mettre un kimono :

  1. On enfile d’abord un sous-vêtement spécial (nagajuban).
  2. On ajuste la longueur en repliant le tissu à la taille.
  3. On maintient la robe fermée à gauche sur droite (sauf pour les défunts, où c’est l’inverse) avec des cordes appelées koshi-himo.
  4. On place ensuite la ceinture obi.
  5. On s’assure de bien positionner le col, ni trop haut ni trop bas.

Chaque pliage, chaque attache doit respecter les codes établis par la tradition et l’événement célébré.

8.2 Les règles fondamentales à respecter

  • Ne jamais croiser le côté droit sur le gauche, car cela est réservé à l’habillement des personnes décédées au Japon.
  • Avoir les chaussettes (tabi) adaptées et porter des sandales (zôri).
  • Choisir les motifs en fonction de la saison ou de l’occasion : fleurs de cerisier au printemps (sakura), érable en automne (momiji), etc.

Si le hanbok a une certaine fluidité dans sa coupe, le kimono se veut plus strict. C’est un vêtement qui exige d’adopter une démarche gracieuse, des gestes mesurés et une posture droite.


9. L’influence contemporaine : quand hanbok et kimono s’invitent dans la mode moderne

9.1 Le renouveau du hanbok grâce à la K-pop et aux créateurs

Grâce au phénomène de la Hallyu (la vague coréenne), le hanbok connaît depuis quelques années un regain de popularité internationale. Les idols de la K-pop et les stars de drama coréens n’hésitent pas à porter des versions revisitées du hanbok lors de performances, de séances photo ou de clips musicaux.

De jeunes stylistes coréens s’approprient désormais l’architecture du hanbok pour créer des pièces hybrides, mêlant tradition et modernité. Ainsi, on voit apparaître des hanbok plus courts, des mélanges de matières (dentelle, tulle, soie synthétique) et des coloris audacieux. Le hanbok reste donc plus vivant que jamais et contribue à promouvoir la culture coréenne sur les podiums internationaux.

9.2 Le kimono revisité dans la haute couture japonaise

Au Japon, le kimono a également fait l’objet de réinterprétations dans la haute couture. Des designers japonais, comme Yohji Yamamoto ou Rei Kawakubo (fondatrice de Comme des Garçons), ont puisé dans l’esthétique du kimono pour renouveler la silhouette contemporaine.

De même, des artistes plus traditionnels se battent pour sauvegarder le savoir-faire ancestral du tissage et de la teinture à la main. L’industrie du kimono continue d’exister, bien qu’elle se heurte aux défis de la globalisation et aux nouvelles tendances vestimentaires occidentalisées.

9.3 Entre appropriation culturelle et fascination étrangère

Le hanbok et le kimono suscitent un grand intérêt à l’international. Pourtant, la question de l’appropriation culturelle se pose parfois lorsque ces vêtements traditionnels sont portés ou commercialisés dans un contexte éloigné de leur signification originelle. Certaines marques occidentales se sont déjà retrouvées au cœur de polémiques pour avoir utilisé l’esthétique du kimono dans des collections sans respecter les valeurs liées à ce vêtement.

Pour les Coréens, voir des étrangers s’intéresser au hanbok est généralement perçu de manière positive, tant que l’on reconnaît son nom correct et qu’on respecte ses codes. Employer le mot « kimono » pour désigner le hanbok, même de façon innocente, peut être source de malaise. C’est pourquoi il est essentiel de se renseigner et de bien faire la différence entre les deux tenues.


10. Conclusion : vers une meilleure compréhension du hanbok et de la culture coréenne

Pour conclure, il est crucial de ne plus assimiler le hanbok à un « kimono coréen ». Non seulement l’expression manque de sens d’un point de vue linguistique et culturel, mais elle ignore l’histoire tumultueuse entre la Corée et le Japon. Les deux tenues, bien qu’ayant des origines communes lointaines, ont suivi des évolutions distinctes, reflétant des normes sociales, esthétiques et politiques spécifiques à chacun des pays.

  • Le hanbok (한복) est ancré dans la tradition coréenne : il renvoie à l’identité d’un peuple, à une silhouette ample et gracieuse, à un passé aussi riche que mouvementé, et à des valeurs de fierté nationale.
  • Le kimono (着物), symbole emblématique du Japon, est un habit tout aussi prestigieux, mais aux coupes, aux accessoires et aux significations entièrement différents.

Prendre conscience de ces subtilités, c’est faire preuve de respect envers la culture coréenne et mieux comprendre ses liens complexes avec le Japon. Dans un monde où l’on voyage de plus en plus et où la curiosité pour les autres cultures ne cesse de croître, il est essentiel d’utiliser les termes appropriés. Apprendre à différencier le hanbok du kimono, c’est participer à la préservation et la valorisation des identités nationales, tout en évitant les maladresses liées à l’histoire et aux sensibilités de chacun.

Alors, la prochaine fois que vous admirerez un magnifique hanbok coréen, n’hésitez pas à partager vos connaissances nouvellement acquises : « Non, ce n’est pas un kimono coréen, c’est le hanbok, un trésor vestimentaire de la péninsule ! »


Ressources et suggestions de lecture :

  • 한국민족문화대백과 (Encyclopédie de la culture ethnique coréenne), Naver
  • Univers du Japon : « Kimono, le vêtement traditionnel japonais » (article du 26/06/2023)
  • Jin-Mieung Li, Ogg Li, Madeleine Paul-David, Corée, histoire – La domination japonaise, Universalis
  • France 24 (04/05/2023), Japon-Corée du Sud : des relations difficiles et un héritage de colonisation amer (vidéo YouTube)
  • Hongsik Cho, Youngmi Shim, Ohsoon Jin, Insoon Choi, Man Gap Heo (2010). 우리 한복, 곱게 바르게 (Notre hanbok, magnifiquement et correctement), dans 매듭의 여왕 묶음의 달인 Yejowon

À propos de l’auteure :

Mathilde Leroy est passionnée par la culture coréenne depuis de nombreuses années. Elle partage ici ses connaissances sur le hanbok, fruit de ses recherches, de ses rencontres et de son amour pour l’histoire et les traditions d’Asie de l’Est.


Articles complémentaires sur les habits traditionnels coréens :


Mot de la fin

Le hanbok fait partie intégrante du patrimoine culturel coréen. Riche de sens et d’histoire, il se distingue nettement du kimono japonais, et il mérite pleinement qu’on l’appelle par son nom. En abandonnant le terme erroné de « kimono coréen », vous faites un pas de plus vers la compréhension et la valorisation de la diversité culturelle asiatique. Que vous soyez simple curieux ou féru de traditions, n’hésitez pas à approfondir votre découverte du hanbok lors d’un voyage en Corée ou grâce à des événements culturels près de chez vous. Vous pourrez ainsi mieux apprécier toute la grâce et la portée symbolique de ce vêtement unique.

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